Karine Bénac
Convois L’attelle de mon regard saisit le vif, l’empoigne et le tord jusqu’à le falsifier, sillon de lame où viennent se morfondre les lunes. Je ne crois pas aux visages, je ne crois pas aux bras dilapidés de la méduse, ni à la succion clivée des croix. Je ne crois pas aux bouches. majeur rayé de verticale, sentinelle escarpée, je chute. Dernier brasier où mon corps consommé exhausse ses membres. * J’épie les lanternes des terrasses et les jardins suspendus. Le ciel est trop lourd, mon pied ne sait où prendre appui. Tamiser de pluie la cheminée, c’est déjà aligner les fumées. Contre moi la ville s’électrise. Chaque passant porte aux nues son costume, chaque horloge garde sa sueur d’impétrante. Sur le bord des mains, le téléphérique entame ses chairs. J’ai vu le jaune derrière le noir, la fenêtre au bas du visage, le grillage au coin des hommes J’expire à me mettre à dos les montagnes, les meutes d’arbres aux sexes confus, la rupture du membre — Pas de demi-mesure pour la faïence d’un pénis triste — j’avive mes yeux de la carène, souffle de bois en cataracte, tempes saillantes, ovaires en crescendo, les seins gonflés à bloc, soliveau au branches acidulées loin de leur tombe, faisceau de langues à l’arrête ovale, coule le sperme de la première avarie et dans leur sang l’angoisse du sable. Ils sont trois et parfois quatre, les oreilles alourdies, le ventre abasourdi celui qui se relève connaît les demi-mesures, triangle anthropophage grugé au mât des appétits pendus à chaque morsure les yeux des rails affichent complet j’ai beau scruter les guidons, les trépieds sont plus sophistiqués que chacune de mes mains à l’index fourni, j’accapare les gorges les ridules vautrées fermentation des quais, des oreilles au souffle court sur le miroir les bouches tournent |
Le
Nud des Miroirs
Notice bibliographique
Bénac, Karine Titre : Convois / Karine Bénac |