The Brueghel
Brothers
ces dieux en bérets qui conduisent la brouette à la psyché nous regardent étonnés car nous ne sommes même pas des vaches nous flottons dans leur regard pour appartenir à l'ailleurs qu'ils ne peuvent habiter * assis sur le bas côté de la route ils reposent dans la brouette un sac plein retient le ciel de la forêt ils attendent sans réponse parmi l'herbe mouillée le baiser du printemps * hébété seul le grand salut la nuit approche loin un vol d'étourneaux les efface * penchés dans le vent ils vont vers la nuit un cliquetis de roue tourne dans leur tête leur chemin est bracelet de lune * on entend un bruit de source une clé d'eau qui tourne dans la serrure d'herbe ils ont posé un sac d'engrais vide sur la dalle de béton et se sont assis rien n'arrive que le temps * deux pierres deux plumes prisonnières dans la boîte à lettres deux pierres deux plumes comme une parole d'enfant tombée * frères que nous direz-vous du soleil qui sort du bois comme un boulet d'angoisse noir qui descend et ne descend pas et bouge dans sa bogue * dans le mot oiseau ni aile ni os dans le mot oiseau s'envole la table et la toile la fable et le squale dans le mot oiseau plus de porte plus de clef plus de branche que la clenche telle un dard dans le mot oiseau il n'y a qu'un mot ni ciel ni fontaine ni chair ni nerf dans le mot oiseau pousse un arbre dans le mot oiseau germe le mot oiseau oiseau ni ciel ni os dans le mot oiseau l'oiseau est sa cage dans le mot oiseau il y a mon loup qui me dévore voici l'oiseau-dieu voici l'oiseau-loup voici l'oiseau-proue * |