Nous avons posé une serrure
j’ai
posé une serrure de soleil
et une fenêtre de nuages
car les nuages
sont les yeux des mots
j’ai
voulu frapper
mais il n’y avait pas de porte
à
la place du seuil
il y avait un couteau
et le ciel
et aussi un chemin
j’ai
marché sur ce chemin
pour être la soif du chemin
le
temps hennissait sur la berge
comme un arbre qu’il faut abattre
à
la place de la porte
il y avait l’ombre du soleil
elle ressemblait étrangement
aux chimères de mes poèmes
car
tout poème
pour exister
à besoin
d’une ombre
à ses pieds
j’ai
pris le couteau du ciel
pour l’enfoncer dans la porte
qui n’existait plus
un
cri long coupa
le poème en deux
bouches égales
d’où s’envola
le dieu des oiseaux
la
fenêtre s’ouvrit
au fond de la rivière
et j’étais aveugle
les
mots des mort s’ouvraient
à rompre le coeur
avant
de naître
on m’avait suicidé
avec une corde de fou
pour que je ne vois pas le trou
les
prunes tombaient
sur la citerne
le chat lapait le miroir
au
bout du couloir
il y avait des draps
pour plus tard
quand les feuilles
noirciraient la peau
des herbes et des rêves
puis
ce fut le soir
puis ce furent des bêtes
qui descendaient des étoiles
pour peindre avec leur langue
la cave profonde
puis
le chemin
devint la forêt
de tous les yeux
de toutes les langues
devint ce qu’il n’était pas
la voix qui forait le mur invisible
Pour
Michèle Lévy, Philadelphie - Warminster
16 et 17 septembre 2002
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