Patrick

Mise à jour : 04-Mar-2008

18 ans

 

18 ans
 Je m'appelle Hiro Kata, je suis né à Akita, ville de bord de mer le 13 septembre 1926.

Mon père comme mon grand frère sont pêcheurs, ma mère travaille aux champs.

Handicapé, mon frère ne peut faire la guerre, l'honneur de la famille repose sur moi.

Je suis couvé par ma mère, mais elle s'incline à l'appel de l'Empereur.
Mon père n'a pas eu de mot à mon départ, son regard m'a encouragé.

J'ai toujours aimé les oiseaux, voler est un rêve, l'Empereur va me l'offrir.

Me voici avec plein d'autres jeunes recrues sur l'île Yaku après un long voyage.

Nos officiers sont extrêmement sévères, et notre camp à été plusieurs fois bombardé.

L'ambiance est pesante, l'instruction rudimentaire, un siège, un manche de bois, deux pédales.
C'est assis par terre à tour de rôle que nous apprenons à voler, six heures par jour, sur une maquette, sans aucune sensation, à même le sol.

Aujourd'hui au bout de trois semaines, trente avions viennent d'atterrir, je n'en avais jamais vu en vrai !

Nos chefs sont fiers et rassurés, nous devons accomplir notre mission dans deux jours.

Enfin le grand jour, celui que j'attendais tant.

Nous avons bu un verre de saké et salués un portrait de l'Empereur par de grands « Hourra »!

Le soleil se lève, tous nos moteurs tournent, le vent, le bruit, le salut de ceux qui restent, mes sens sont comblés. Je veux pleurer de joie et je tremble de bonheur, de fierté.

J'ai un chrysanthème devant mon altimètre, une cuisinière me l'a offerte.

Nous voilà en formation avec la même idée en tête : la chance de défendre mon pays, mon Empereur et l'honneur de ma famille. Etre un héros pour mon frère, un fils pour mon père.

Cela fait plusieurs heures que nous volons et petit à petit, au loin, se dessine des sillons blancs sur l'eau, les bateaux manœuvrent. Nos instructeurs nous avaient prévenus, je sais exactement quoi faire.

Je suis si bien, de la haut on ne pense plus à rien... ... qu'à sa cible.

On nous a dit de choisir les plus gros, que c'était primordial d'aller sur leur flanc.
Je pousse le manche comme à l'instruction, l'aiguille de l'altimètre ne cesse de tourner.

Ce piqué fait autant vibrer mon fuselage que mon corps. Je jette un regard sur ma fleur, puis sur le soleil peint sur mon aile, qu'ils brillent tous les deux........... à jamais !

Ma cible me crache des milliers de ce qui semble être des flèches en feu, d'ailleurs le ciel tout entier est en feu. Comme pour nous encourager, un grand soleil nous accompagne dans notre mission sacrée. Ils ont peur, ces dragons, car le ciel nous appartient. Les nuages se sont évanouis, signe de respect envers nous. Je ne distingue plus les rayons du soleil de ces traits de feu qui remplissent le ciel. Je ne peux maintenant me soustraire à leurs balles comme je ne pouvais éviter les gouttes de pluie en allant à l'école, tant pis.

Soudain un de nos appareils se désintègre, puis deux, puis trois, mais je garde mon manche baissé.

Dans de grands fracas ma verrière se perce, les flammes me brûlent les mains, les pieds.

Je garde le manche baissé.

Ma cible est un porte-avions, je le distingue encore malgré le sang sur mes lunettes. Mon moteur et moi hurlons de douleurs.

Ma carlingue se crible d'impacts, ma fleur brûle, mon bout d'aile a disparu, je pense à mon père, ma mère.

Ne t'inquiète pas mon Frère, je vais tuer ce Dragon, je suis votre Arme, votre Munition.......

Je distingue maintenant la coque, la bouche de leurs canons qui me crachent dessus à bout portant.

Vive l'Empereur !

 

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