Les
mots de mise
Chaque mot la blesse.
les mots, c'est ce qui lui reste. Le territoire qu'elle s'est attribuée.
Quand elle ne peint pas, l'artiste écrit sur l'œuvre des autres.
Pas la sienne, ô non !
Ou bien, elle écrit sur ce vide qui l'étreint.
Mise en mots, démise des maux.
Justement, aujourd'hui,
elle est restée prisonnière.
Des mots.
Hantée de toute part.
Dire « Je t'aime ».
Ajouter « beaucoup » pour dire qu'on ne sait pas où l'amour
s'arrête, c'est tricher.
« Beaucoup », c'est peu. Ce n'est rien. Ce n'est plus l'amour.
Est-ce mentir que d'être simple ?
Et on lui écrit
qu'elle ne sait pas lire.
L'écrivaine
se relit.
L'écrivaine relie ses morceaux.
Les morceaux de sa vie.
D'artiste.
Sans doute qu'elle
ne sait pas peindre non plus.
Peut-être même
qu'elle n'existe pas.
La femme cherche ses
mots.
L'artiste cherche un sens à sa vie.
Quelque part enfouie sous les
strates des mots, les couches de peinture.
Serait-il donc possible
qu'un homme soit tout celà ?
Ne pas tenir compte
des autres. Elle ne sait pas lire. Ouiche !
Elle sait juste écrire...
Peut-être.
Écrire « Je t'aime ».
Je t'aime beaucoup.
Je t'aime tant. Je t'aime tellement. Je t'aime ?
Les mots de l'un,
les mots de l'autre.
Les mots des autres.
Les mots.
Rabaisser tout son
univers à cet appel des sens.
Le sens de sa vie.
Quelle direction ?
Les mots.
Et c'est intraduisible.
Souillac, et sur la toile, le 29 octobre 2003
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