Le texte en gras est de Xavier Lambert "Corps sans bords", et date (au plus tôt) de 2002. Le reste est constitués d'extraits de "Peau Damnée", éditée en 2001 au "Nœud Des Miroirs", écrit vers 1997, et dont des passages ont été lus à l'époque dans plusieurs cours à la Fac de Paris 8 ! Sauter le bla-bla ci-dessous Venue à Toulouse en juillet 2006 pour une VAE (je m'étais fourvoyée, mal orientée par moi-même, je dois le dire, ayant privilégié l'aspect technique -ce qui correspond plutôt à la Fac de Poitiers), je fus fort surprise de ne pas y voir un seul ordi, et donc encore moins une connection ADSL visible. J'avais bonne mine avec mon CD dans mon sac, et l'espoir plus logique qu'il suffirait de cliquer en ligne pour avoir les mêmes choses. Seulement des piles de caisses poussiéreuses et un monsieur avachi qui commit l'obscénité de mettre en parallèle un fils d'ambassadeur Chinois ("j'ai des étudiants chinois... et qui ne travaillent pas") avec, sans doute, des boat people ! Il a bien insisté sur le fait qu'il ne me serait pas possible de travailler si je voulais poursuivre en Mastère (donc : obligation de me faire entretenir, ou d'avoir une Bourse -cas de l'étudiant Chinois cité, je n'en doute pas-, ce que n'ont pas les réfugiés tibétains, ni une future chômeuse sans VAE, mais trop diplômée). Au fait : entre-temps, j'ai les 2 canaux carpiens coincés (pour la 2ème fois), et j'avais déjà une sciatique à l'époque (et un peu de polyarthrose, etc. Mais c'est un détail. J'avais qu'à ramper pour les faire, ces 172 km. J'en faisais bien 1000 pour aller faire des happenings à Paris). Si mon travail n'a pas été présenté sous un angle artistique, c'est ma faute; mais il aurait pu au moins me le dire. Cependant, Xavier Lambert semblait ignorer même que je créais des choses, y compris par le biais numérique, y compris par le biais d'Internet (mais ça, c'est vieux. Des images à lire dans l'ordre qu'on veut, pour créer son propre texte, révélé quand on y colle la souris, je sais, c'est vieillot. C'était en 1999. C'est pourquoi je voulais me mettre au php, à spip, que sais-je...). Voili voilou.
Un jour, essayerais-je les Kevin Martin, les Sandra Dubois ?
Ceci est un O.I.N.I. (Objet Internet Non Identifié) Auscultant le CV de ce vieillard, j'ai donc manqué m'étrangler a posteriori devant sa mauvaise foi ! * Extraits de "Peau Damnée" La complexité du réel, pris comme globalité, était impossible à appréhender conceptuellement dans la conception euclidienne de l'espace-temps héritée de la Renaissance. Elle a nécessité le découpage de sa représentation dans le cadre du projet taxinomique et du dépliage panoptique qui en est issu. * -Eh bien, on ne sait pas. Je ne sais pas. Je n'ai pas su. C'est ça, une peau. Je suis passée au travers. J'ai fuit. J'ai cru irriguer quand je ne faisais que me répandre. Et alors ? Que faire d'une peau qui ne serait pas perméable, d'un épiderme bétonné...On se retrouve comme ces philosophes qui imaginaient la vie possible à l'intérieur d'un corps blindé contre l'extérieur, bouché pore par pore.
“ Étant donné que nous ne pouvons éliminer le langage d’un seul coup, nous devons au moins ne rien négliger de ce qui peut contribuer à son discrédit. Y forer des trous l’un après l’autre jusqu’au moment où ce qui se tapit derrière, que ce soit quelque chose ou rien du tout, se mette à suinter à travers. ”3 dit Beckett. Parce que l’identité dans la mêmeté s’inscrit paradigmatiquement dans la logique du dépliage panoptique comme système de pouvoir dont procède le corps organisé, elle ne peut pas procéder du corps sans bords. Le propos consiste donc à “ forer des trous l’un après l’autre ” jusqu’à ce que l’identité en tant qu’altérité, du corps sans bords, “ se mette à suinter à travers ”. * Il s'est soudain tenu debout tout seul. Un vrai. Un vrai texte
inventé. C'était fini. Il ne parlait pas par ma
bouche, ce n'était pas moi, c'était lui. Il m'a
regardé. Et il m'a vu. Il m'a regardé le regarder. Le parcours vers ce je qui date d’avant la réalité, c’est tout le sens du voyage d’Orphée. Et le corps sans bords pourrait être l’outil conceptuel qui permet d’accéder à ce je primordial car le corps sans bords déconstruit le corps euclidien qu’est le corps organisé, parce qu’il est constitué sur un mode d’espaces multi-connexes et non sur un mode arborescent. * - Je suis ce trou dans la terre d'où j'ai voulu me faire sortir. Ce qui est impossible, bien entendu. C'est autrefois qu'on disait " sortir de soi. Aller au bout de soi-même. Se dépasser. ", et c'est impossible. - Surtout pour une peau, hein. Je suis faite pour les rencontres, pour contenir, pour couvrir comme pour être couverte. Mais je n'existe pas seule. Parce que je suis. Le corps sans bords n'est pas le corps constitué d'une succession d'organes qui le situe dans la finitude spatio-temporelle du dépliage panoptique. Ce n'est pas le corps structuré de façon arborescente, c'est un corps formé d'espaces multi-connexes. C'est le Corps sans Organe de Deleuze et Guattari. * Comme si l'écriture, ces maillons de signes, ces chaînes figées de mots cloués au pilori blanc des pages, pouvaient signifier autre chose qu'elle-même. Comme si l'homme n'était pas la mouvance qui, justement, fait que la banquise ne peut que se briser, se disloquer; se recomposer autrement. Comme si l'homme, et je revendiquais d'être un homme, même si je suis une femme, comme si l'homme était autre chose qu'un chemin ( un parchemin aussi ).
Étant intensités, il est aussi le procès du corps dans ses interconnexions avec le réel. Il est “production du réel”, pour reprendre la formule de Deleuze et Guattari6, mais il est dans cet espace temporel infiniment bref qui sépare le réel de la réalité, si nous admettons que la réalité est l'actualité du réel. C'est la raison pour laquelle le corps sans bords, parce qu'il date d'avant la réalité et que, de ce fait il précède le logos, est le lieu privilégié où doit se situer l'artiste dans son procès d'information du réel. * Il s'est soudain tenu debout tout seul. Un vrai. Un vrai texte
inventé. C'était fini. Il ne parlait pas par ma
bouche, ce n'était pas moi, c'était lui. Il m'a
regardé. Et il m'a vu. Il m'a regardé le regarder. Et le rôle de la création artistique se situe plutôt dans l’émergence de l’Autre que dans la permanence du même, et l’Autre est figure de la multitude, de la multitude non organisée. La question est de savoir si cette multitude non organisée n’est pas aussi le réel et si ce n’est pas parce que l’idée du réel comme multitude non organisée est insupportable que l’humain va tenter de l’organiser en en construisant des représentations. Le schéma représentatif dominant depuis le XVIIIe siècle peut être défini par le concept de “ dépliage panoptique ”. C’est un mode de représentation arborescent qui est notamment à la base du principe de l’ordinateur. Mais le fonctionnement algorithmique de l’outil inscrit aussi des schémas rhizomatiques. Et si l’arborescence renvoie à la multiplicité, le rhizome renvoie plutôt, lui, à la multitude. C’est depuis cette multitude que l’artiste parle en tant que je. Mais le je dont il est question ici est un je primordial qui date d’avant la réalité. C’est le je qui permet de : “ Donner voix à l’innommable, donner figure à l’infigurable, [et] suppose de défaire les formes coagulées, de les ouvrir, de les déplacer … ” * Le corps sans bords, c’est à la fois le lieu de l’identité et de l’altérité, c’est le lieu de l’identité parce que celui de l’altérité. C’est par l’altérité du corps sans bords que l’artiste construit son identité, sa permanence. C’est par le corps sans bords qu’il acquiert une identité qui ne relève plus du stéréotype de la mêmeté, mais de l’archétype de la singularité. L’artiste n’est pas l’individu, celui qui ne se divise pas, du corps organisé, il est la multitude de la singularité. Le corps sans bords est singulier, nécessairement singulier, parce qu’antérieur à l’image, et que l’image inscrit déjà la reproduction. Mais il est multitude parce qu’il est puissance que l’œuvre d’art n’actualise que partiellement à chaque fois. Blablablabla - Et il y a des mots qui nous font perdre notre temps, des pages entièrement pleines de vrai vide, de gros vide tout propre, tout plein de rien. On a beau les découdre, pour les repriser, les ravauder : rien pour les accrocher. Rien où les accrocher. Rien pour nous raccrocher. - Et même pas le rien ? - Et surtout pas le rien. On y étouffe, on y manque d'air. Au mieux, on les oublie; au pire, on s'y reconnaît. - Ce n'est pas rien. - Si : dis-moi, qu'est-ce qu'ils pourraient m'apporter, mes mots ? Ils sont déjà sucés et resucés, mâchés. Vomis. En plus, c'est très désagréable de les retrouver ailleurs alors qu'on les croyait morts ! Voilà : tu les écrases sous la dent, tu les broies, et tu en avales le peu qu'ils ont de jus, et parfois, c'est très mauvais; et puis tu les retrouves dans la bouche de quelqu'un d'autre, qui te les recrache aux oreilles. Si encore on me crachait ce petit morceau que je n'ai pas trouvé, un petit noyau pointu, une écharde... Mais ça fait mal ! - Moins mal qu'une vérité qui ne blesse pas. On a là, écrite en lettre de feu cette épouvantable sentence : pas d'âme. Quelqu'un d'autre aura pris tes mots, les aura pétris, malaxés, triturés, et rien. Pas d'âme.
Merci.Grâce à vous, monsieur Lambert Xavier, j'ai écrit donc "Vacuités". J'attend toujours que vous en écriviez la suite.
Lauranne |
(*) Xavier Lambert est enseignant en Arts Plastiques à l'Université Toulouse-le-Mirail (France).
Son oeuvre : http://cerap.univ-paris1.fr/cerap/LIGNES/CONTE/clonage/artistes/lambert/xavierlambert.html
"Le corps sans bords" : http://www.robertredeker.net/textesd_amis_xavierlambert,lecorps.htm
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