Pierres
de silence
Le
vierge, le vivace
Ô les nuits désertées du bel aujourd'hui
Les enfants se cassent les mains sur la glace
Triste et nue comme un grand reposoir
Rien
ne murmure aux oreilles des allumés de midi
Les lucides éveillés aux joues couvertes de sang automatique
Cent
pieds au-dessus de moi gît l'agneau blessé de cent coudées
vaines
Souris vertes grillées comme un colimaçon innocent
Les nappes trop blanches ruissellent aux pieds des serveurs
je
ne tuerai pas le loup
Je guiderai les pas de la vieille en pain d'épice sur les heurtoirs
de fièvre
Les ossements sous les pattes des Grands-ducs
Les portes carnassières
Petit
cheval blanc qui n'a jamais navigué
Michelle, ma belle, qui ne retrouvera jamais son chat
Chaton et rond et rond petit patagon
J'attends
que le sublime cogne à ma porte
J'attends de le reconnaître
Même s'il s'enfuit je le possèderai
je t'ai reconnu, sublime !
Maintenant,
je te traquerai jusqu'à la fin de mes jours
Sans répit
Sans trêves
Tu es coupable, sublime
Tu es menteur et faux grossier
Pastiche potiche de bois vert au revers des empaillés de vie
Fourrés de châtaignes et de marrons
De coups de pieds et de gifles
De coups de sang
De coups du lapin,
et de coupables activités
Nous
n'irons plus au bois pleurer sur la porte de proie
Nous avons coupé les buis
Griffé les semis de perles
cloué les enfants nus aux nuages
Le loup a montré patte blanche
et le vide a fait semblant d'être
Vite
Courir plus vite que la pensée
harceler le vide avec une fourchette en merde
À
quoi bon
Lorsque la page se commet de crasse
Ne reste rien des sillages de vent
Que le plaisir des yeux pour pleurer
Pleurer si vite que la larme se cueille
Nous
n'irons plus au bois
J'ai l'aile brisée
Petit cheval blanc ne peut s'envoler
Grand-duc
désossé sur les pierres de silence
Souillac,
le 7 juillet 2002
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