Christophe Mileschi

Elle, l'arbre

Comme une arbre de branches vives échappée de son bois sacré
qu’une déité maligne a dotée de conscience

Elle, l’arbre, ne sait où fuir

Partout l’œil du dieu la guette et la moque

Elle
se tord sous son regard
s’extirpe des entrailles elle-même renaissante
s’agite de devoir s’agiter
pour l’énigme effarante du geste

Est-ce un bras qui se dénoue se noue ?
Est-ce une main qui happe et creuse l’air ?
Est-ce encore une jambe tendue aux ligaments ?

Ce sont des yeux, c’est une bouche.
Ce sont des ailes de chair dense.
L’arbre est un corps de femme au paroxysme de beauté.
L’arbre est souffrance d’être qui darde et larde le corps de traits
tendus soudain déliés
qui disent
la métamorphose incessante du travail qui tourmente
en force sève vie.

L’arbre, elle, est amour.

Force rage mystère, végétal bête d’eau
de terre de feu d’air palpable.

Le corps se donne à boire à la mâchoire du temps
Elle, l’arbre, s’avoue l’enfant d’irréversible,
l’irrévérence vibre en poignantes zébrures.

Le geste exactement dans l’énigme terrible.
Exactement la grâce inouïe de présence.

Elle,
ses branches racines plongent puisent en ma chair
je suis suspendu à ses gestes
ma vie accrochée à ses branches
tout est ici, maintenant,
je suis arraché à moi-même
je suis rendu à moi-même.

C’est la fin et l’écho s’amplifie du silence
c’est la fin mais encore le spectacle commence
c’est la fin et déjà je brûle de son absence


Le Nœud des Miroirs

Christophe Mileschi : L'Effet-Mère