comme
à jamais ma désertion
3
avril 1977
*
mes mots seront morsures
os acérés de la folie
museaux blessés des blés
l'enfant jouera avec
les étoiles de sa tête
l'oiseau perdra bec
langue et pattes
en sa cage d'azur
continuerons à circuler
les pommes à chapeau mou
et les feuilles pourrir
le monde ne sera pas sauvé
3
avril 1977
*
De la pierre à miroir me coule
par
les yeux putréfiés
Des membres
d'argile me sortent
de l'abdomen
carbonisé
Des coups très durs me pleuvent
sur
le front troué
Des formes blanches m'entourent
dans
la perte de moi-même
et ricanent
4
mai 1977
*
rose
incarcérée dans les nerfs
peau des mots
ombre flamboyante
recouvrant les os
un peu de chair
du silence scellé
sur la bouche des carpes
du sang foulé dans les pages
au fond de la forêt
la mer soulève le soleil
qui sèche sur la toile
comme un ventre ouvert
*
saumures ligaturées
à nos bouches livresques
boutures d'incendie
à nos tempes transfusées
on fabrique notre mort
au nud d'unissson
dans ce corps-pirogue
de lumière naine
le sperme des masques
- introït osseux -
immerge l'enterrage
de nos verges-étranglement
on attend la bête essorée
amande du berceau-verrou
dans la nuit-fontanelle
où fermente la folie
*
ô
ce poing de foudre qui végète et obstrue tout
serai-je mort quand je déchirerai mes arbres
mes os poudroient et tombent dans la parole
ma langue a des yeux à la limite du regard
mes nerfs se concentrent autour du trou
ma chair voudrait fondre dans le réseau du sang
fondre en d'autres chairs
et ne plus être ce paquet de consumation
comment dire rose dans le crâne-cerf
|