à
Lauranne
Je
cède
à l'effroi
à la montée des eaux ouvertes
qui tapent
contre le flanc
je cède
à la voix
qui lape
dans la maison retournée
je cède
à la houle
qui troue
l'escalier du gouffre
à la table
qui ferme
comme un couteau de nuit
à la porte
qui éclate
aux chants des papillons
je cède
à la cendre
à la suie
à la luisante truie d'angoisse
je cède
pour rien
pour les pas défaits de tout
de moi
qui tape
sur la trappe des trous
enfoncée
au gong de la gorge
je cède
pour rien
par faiblesse
à la luisante de l'angoisse
je remue des peaux
qui sont des gouffres
dans le cur croué
je cède
par raison
par faiblesse
le mors cloué
à la houle des arches
je cède
à la frondaison des roues
qui arrache
chaque marche
qui entame
au saignant
de la bouche
chaque parole
je troue
chaque visage
avec sa viande
collé sur le papier-peint du vide indéracinable
je cède
par raison destructrice
par force déraisonnante
par fatigue
pour rien
je cède à la rive lasse
derrière la cloison polaire
du soleil face
au portail bouillonnant
je cède
à l'infranchissable
à l'assaillement
à la craie du sang et de l'herbe
par faiblesse
pour rien
Atlantic
City, 8 & 9 septembre 2001.
Poèmes oraux in La porte de proie.
|