Jacques Rouby
Insectes
Essai de cris sur l'étang des couleurs
Texte de Lauranne
Photo de Jacques Rouby. Souillac. 2001.

Dans la fleur de la nuit, la fleur de l'âge déroule son fil incessant.

Les cadavres des fleurs n'ont jamais senti si fort qu'au fond du vase.
Je n'ai jamais aimé les fleurs coupées.
Jamais aimé les rangs de guillotinées qu'on a oubliées de tondre.
Avec leurs poils
sous les bras.
Leurs membres orphelins
de vie.
Des tubes de fiel, de morve, de sang blet, des tumeurs éventrées sur l'eau.
Et le sol empustulé de pellicules teigneuses.

Alors de grandes libellules déchirent les lacs d'humeurs.
Et leurs grandes pattes nues rayent la nuit.
Du cocon des fleurs éclôt le ballet des rictus, la danse des déguisés, la chorégraphie désossée des mandibules démantibulées.

Riez, noirceurs aveuglantes.
Merdes aurifères.


Chaque signe blanc timbre les draps de néant.
Photo de Jacques Rouby. Souillac. 2001.

Le noir est couleur.
Sur le papier les calligraphies castagnettent des pasos doubles.
Idéogrammites stéréotypées.
Hiératiques hiéroglyphes grimés en danseuses de cabaret.
Les jambes écartées des cancaneuses circulent aléatoirement sans musique.
Les os s'entrechoquent et brinqueballent des sons dessinés de bleu.
Ici, le temps se pétrifie de mouvements.

Enfilées sur leurs pattes, des sauterelles se lutinent le groin.

La plume se fait poil, et carapace et caparaçon.
Vibrisses.
Fragilité des membres indécis des jeunes animaux impubères.
Sauterelles. Chattes. Cigales. Cigognes. Girafes et oiselles.
Loques des maquillages abandonnées sur les pubis incertains.
Pagnes dépeignés, échevelés de rituels dégrafés.
Le blanc est couleur.

"Insectes" : partie 1. "Dans la fleur de la nuit", "Les couleurs du noir et blanc"..."Insectes", partie 3 "Tango,tango", "Les bras de la mort".